Le massacre de La Saline, une épine au pied du pouvoir
3 min readPar Juno Jean Baptiste
Twitter: @junopappost
Il ne fait plus l’ombre d’un doute que le massacre de La Saline est une épine au pied du pouvoir PHTK. Il lui sera difficile de s’en débarrasser. Une triste étiquette en plus à la gestion calamiteuse du pouvoir par les Phtkistes. En plus du vol systématique de l’argent public, de la corruption généralisée entretenue et non combattue pendant près de dix ans et de la captation des maigres ressources de l’État, le pouvoir a ajouté un autre marqueur à son passage à la tête de l’État: massacre sur des populations civiles. Ce qui l’enlaidit davantage, l’avilit, révèle sa monstruosité à la face du monde et le met dans l’embarras.
Le communiqué du département du trésor américain n’arrange point les affaires du pouvoir. En reconnaissant les atrocités du massacre, en sanctionnant deux anciens officiels du régime et en reprenant l’essentiel des rapports des organisations de défense des droits humains et du Bureau intégré des nations unies en Haïti, les États-Unis, qui font et défont en Haïti et qui ont toujours soutenu Jovenel Moïse quand plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens exigeaient sa démission, prennent la défense des victimes et leur soutiennent dans leur quête inassouvie de justice et de réparation. Ça ne doit pas plaire aux pontes du régime qui, dans leur cynisme, espèrent que le temps effacera le massacre et en fera peut-être un vague souvenir, comme souvent ici.
Plus que tous les autres procès, celui de La Saline semble inévitable. À moins que la société soit viscéralement une société des puissants, où les faibles, les sans-nom sont toujours écrasés, sans aucun chemin de recours. Il n’est pas normal que d’innocentes filles et femmes, d’innocents bambins soient brutalement arrachés à la vie comme de vulgaires objects, en pleine nuit, au cœur de Port-au-Prince et que la justice fasse encore preuve d’une sidérante lenteur dans le dossier. Il est révulsant que les criminels accusés et identifiés continuent à mener la belle vie. Cela est intolérable dans la République et trahit les promesses de justice et de dignité humaine qu’elle est censée incarner.
Certes, on ne demanderait pas à un pouvoir qui est de mèche avec les gangs (rapport de la Fondation Je Klere) pour terroriser les populations des quartiers populaires d’arrêter les criminels, ceux qui ont eu la main trempée dans ce massacre, l’un des plus grands crimes d’État de ces dernières années. Ce serait trop demander surtout lorsqu’on sait que ce régime semble prêt à tout pour se renouveler, garder et maintenir le pouvoir, quitte à transformer Haïti en une République de gangs. Mais il s’agit plutôt ici d’appeler à la vigilance citoyenne, de souligner l’impérieuse obligation du procès du massacre de La Saline, pour qu’une des rares fois dans l’histoire contemporaine haïtienne justice soit rendue aux plus faibles parmi nous.
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La déclaration du ministre Claude Joseph – qui fait un peu de tout, parle beaucoup, comme si le rôle du ministre des Affaires étrangères était un tout englobant toutes les parties constitutives du tout – relative aux sanctions que le pouvoir aurait infligé aux principaux auteurs du massacre de La Saline n’aura été qu’une mauvaise blague. Une sortie médiatique maladroite de plus dont le ministre semble avoir le secret. Ce régime ne punit guère les siens. Mais plutôt il les couvre, les protège. Avec le PHTK au pouvoir, il serait difficile d’espérer justice pour ces gens sans histoire dont le seul péché aura été le fait d’habiter un de ces quartiers oubliés de Port-au-Prince qui, à intervalle régulier, nourrit le feu des mouvements de protestation contre les pouvoirs publics.
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