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Le monarque sort ses cartes…

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Par Juno Jean Baptiste
Twitter : @junopappost

La démocratie, ou encore mieux la promesse inachevée qu’elle incarne ici depuis plus trente ans, est phagocytée. Haïti expérimente sournoisement une « monarchie » qui ne dit pas son nom.  On en a eu la consécration, mercredi, avec la nomination des agents intérimaires par le président de la République, pardon, par le monarque, à l’œuvre depuis des mois. C’est désormais l’effrayante concentration du pouvoir de tous aux mains d’un seul homme… C’est le triste sort d’un pays livré aux caprices et aux manœuvres d’un seul homme… Jovenel Moïse. Tout part et pour lui et sa bande.

Rien d’anormal dans la République bananière du PHTK. Incapable d’organiser à temps les élections législatives et municipales, tout en s’arc-boutant sur le support sans faille de la « communauté internationale », Jovenel Moïse a anéanti à dessein les institutions. Étrangement, il veut être le bénéficiaire de ses propres errements et louvoiements, et de son mépris de la constitution. Il sort des décrets à tout bout de champ, décide du présent et de l’avenir et satisfait ses bas instincts. Il est devenu un chef suprême auquel il ne manque que les arabesques de Bonaparte.  

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En nommant plus d’une centaine d’agents intérimaires, Jovenel Moïse sort ses cartes. Il éjecte sans peine des maires encombrants – à ses yeux –, place ses pions dans les municipalités et réconforte des alliés longtemps sur la touche. Une récompense empoisonnée pour le régime ? Cela importe peu pour l’instant. Le temps semble fleurir pour l’homme de la banane, lui qui a su surveiller minuit pile sur son téléphone, le 2e lundi de janvier 2020, pour constater la caducité du Parlement, aux fins de régler ses comptes politiques avec des adversaires logés au bord de mer. La République d’Haïti agonise ; mais celle du PHTK marche à merveille.

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Rien, pour l’instant, ne semble pouvoir ralentir Jovenel Moïse dans sa course vers plus de pouvoirs. Il a, avec lui, certaines ambassades étrangères, une frange importante des rentiers de la « classe économique », quelques suppôts dans la « société civile » amorphe et, cerise sur le gâteau, la police. Il poursuivra, à coup sûr,  sa folle course avant de percuter fatalement l’iceberg de l’ire populaire. Pour l’instant, avant que ne sonne l’heure fatale, il a peut-être d’autres choses à explorer, d’autres sentiers à creuser, d’autres folies à faire dans la petite monarchie qu’incarne désormais Haïti. Sans contre-pouvoirs, le glissement vers le spectre de l’inconnu est toujours une lugubre perspective.

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À défaut d’avoir réussi à organiser des élections pour éviter tout vide institutionnel, à défaut d’avoir réussi à électrifier Haïti 24 sur 24, Jovenel Moïse aura réussi, durant son mandat, le pari de plaire à certaines ambassades étrangères qui le tiennent encore au pouvoir, de plaire à une partie de sa base de Phtkistes historiques et à certains de ses alliés. Mais il aura surtout tout fait pour qu’Haïti désespère davantage, se désoriente, se délite, et, enfin, s’enracine dans ses tourments ininterrompus.


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