Mon. May 13th, 2024

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Discours de la ministre Emmelie Prophète au colloque de l’ENS à l’occasion du centenaire de Jacques Stephen Alexis

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22 avril 1922/22 avril 2022. Jaques Stephen Alexis aurait eu 100 ans aujourd’hui. 36 ans après la dictature sanguinaire des Duvalier, son œuvre constitue encore une inépuisable source d’idées à revisiter par les générations actuelles & futures. Jacques Stephen Alexis n’as pas seulement été un immense écrivain au talent inégalé à ce jour. Il a aussi et surtout été un homme d’action, un politique passionné de son pays et de ses compatriotes. Ses idées sont plus que jamais d’actualité. C’est pourquoi Port-au-Prince Post se fait le plaisir de publier in extenso le discours de la ministre de la Culture et de la Communication, Emmelie Prophète, à l’occasion d’un colloque organisé par l’ENS sur le centenaire de Jacques Stephen Alexis.

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Il y a cent ans, presque jour pour jour naissait, aux Gonaives, Jacques Stephen Alexis. Il y a 61 ans, presque jour pour jour, disparaissait Jacques Stephen Alexis. En 39 ans de vie, plus qu’aucun autre avant lui, il a élevé des forêts de paroles et d’idées dans lesquelles nous pourrons nous promener pour l’éternité.

Jacques Stephen Alexis a été ce romancier, cet homme politique, ce neurologue, ce théoricien, qui a cru jusqu’au bout qu’il était possible de faire pays, de faire humanité, avec ce qu’il y a d’essentiel et de transcendental : ce qui unit chaque être humain et le porte vers l’autre. Sa foi en l’homme a illuminé sa vie, a écrit Gérard Pierre-Charles en 1971.

Jacques Stephen Alexis est essentiel aujourd’hui. Ses choix esthétiques et sa pensée politique sont actuels et invitent chacun de nous à une forme d’engagement pour un meilleur pour tous.  Et il est utile, nécessaire, de mettre Jacques Stephen Alexis à la portée de tous, de décortiquer ses écrits, sa vie, ses actions afin que chacun se reconnaissent dans ce besoin d’être qui va au-delà des pensées toutes faites, des recettes intellectualistes ou velléités d’attribuer Jacques Stephen Alexis à tel groupe ou telle personne qui aurait le droit d’en parler plus que tel autre. Cette année 2022, déclarée Année de la belle amour humaine par le ministère de la Culture et de la communication et le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, doit favoriser la rencontre entre les Pierre Roumel et les Hilarion Hilarius et permettre des échanges entre ceux qui ne lisent pas les mêmes livres, entre ceux qui lisent et ceux qui ne savent pas lire.  L’humanisme ne se développe pas tout seul, c’est nous qui le faisons avancer, a écrit Jacques Stephen Alexis. Faire avancer l’humanisme aujourd’hui c’est partager, s’approprier Jacques Stephen Alexis, l’écrivain, le frère d’âme, l’ami qui, inlassablement, insuffle de l’espoir à ceux qui se cherchent et ne se trouvent pas encore, ceux qui ont trébuché dans le chemin difficile, ceux qui souffrent, luttent, espèrent et croient toujours.

Ce colloque pour revisiter l’œuvre et la pensée de Jacques Stephen Alexis, est la plus belle preuve, s’il en fallait, que tout le monde est concerné par l’écriture, les pensées, les choix de vie, la mort, le courage de Jacques Stephen Alexis, lui qui a écrit descendre par deux fois de Jean-Jacques Dessalines, dont on ne connait aucune forfaiture et dont on aime l’engagement, la colère et la sincérité.

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Que tous ceux qui le veulent et le peuvent célèbrent Jacques Stephen Alexis ! Jacques Stephen Alexis pa gen mèt!

Il faut insatiablement parler de Jacques Stephen Alexis et toujours faire en sorte que la postérité nous entende. C’est la meilleure des justices que nous puissions rendre au grand écrivain, disparu dans les conditions que nous connaissons, et à nous-mêmes qui avons trop longtemps accepté de faire silence alors que chaque lever de soleil nous commande de revenir à Jacques Stephen Alexis.

Jacques Stephen Alexis est le meilleur d’entre nous, non parce qu’il l’a dit lui-même, ou parce qu’il a comparé son travail avec celui de l’autre et décidé tout seul que le sien uniquement valait la peine, mais parce que chacune de ses phrases est un legs à ses compatriotes et à l’humanité. Le grand écrivain n’a rien qui soit à lui tout seul, il appartient à tout le monde.  C’est ce que les diverses thématiques, proposées dans ce colloque, vont révéler.

Le ministère de la Culture et de la Communication est fière d’être partenaire de ce colloque qu’il fallait à tout prix organiser dans le cadre du centenaire de Jacques Stephen Alexis. Le ministère de la Culture est aujourd’hui le plus grand financeur de la culture du pays. Dans son appropriation populaire ou savante. Cette année de la belle amour humaine est pour lui l’occasion d’installer une parole sur l’haïtianité, les droits et devoirs de chacun, l’altérité, la protection du patrimoine, l’environnement, la cohésion sociale, les fêtes nationales, la démocratie, la gestion des risques et désastres, la protection sociale, l’égalité des genres.

Que Jacques Stephen Alexis nous ramène à l’essentiel, c’est-à-dire à l’insolence, la vie, le parti pris pour le plus grand nombre.

Vous me permettrez de terminer en vous lisant le début du texte écrit par Jacques Stephen Alexis pour saluer Jacques Roumain après son décès.

« Les peuples sont des arbres. Ils fleurissent à la belle saison.
Et d’efflorescence en floraison, la lignée humaine s’accomplit,
Poursuit son rude devenir, germinant en direction de l’homme-lumière
qui nous est promis au bout de la longue traversée ».

Bon colloque et merci pour votre travail !

Emmelie Prophète
Ministre de la Culture et de la Communication


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