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Le titre NBA au prix de sueurs, de sang et de larmes

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Via Parlons-basket

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Par Paul Junior Prudent
Insider à la NBA

Le parcours vers le titre de la NBA est un marathon de 82 matches, ensuite viennent les play-offs avec des matches extrêmement intenses. Être champion dans cette ligue requiert non seulement du talent, mais aussi et surtout un mental d’acier, un haut niveau de concentration, une débauche d’énergie qui n’a d’équivalent qu’elle-même. En plus des difficultés régulières, cette saison a été marquée par des troubles sans précédent qui feront du champion – à n’en pas douter – l’équipe la plus courageuse de toute l’histoire de la NBA.

Les problèmes ont débuté en octobre 2019 avec un tweet du directeur général de Houston Rockets, Daryl Morey, qui a pris position en faveur des protestations à Hong-Kong contre le gouvernement chinois. Ce tweet avait aussitôt provoqué la colère des dirigeants de l’Empire du Milieu, principal partenaire étranger de la NBA en matière de droit de télévision. Des pontes du parti communiste chinois ont vite fait d’exiger que Daryl Morey soit démis de ses fonctions. Parce que la NBA a décidé de soutenir Morey, les Chinois ont annulé des matches de pré-saison sur leur territoire, et la chaîne de télévision publique a décidé de ne plus retransmettre des matches de NBA. Conséquence : une perte sèche de près de 500 millions de dollars pour la ligue la plus relevée du monde.

Alors que la saison prenait déjà sa vitesse de croisière, David Stern, commissionnaire mythique de la ligue, a rendu l’âme après avoir été victime d’une hémorragie cérébrale. Durant ses 30 ans de règne, il a révolutionné la NBA au point de la faire passer d’une institution mal en point et discriminée à l’une des organisations sportives les plus puissantes, prospères et populaires du monde. David Stern est unanimement reconnu comme le principal pionnier de l’expansion de la NBA à travers le monde. Toutes les équipes ont décidé de porter une bande noire sur leurs uniformes pour le reste de la saison pour honorer dignement, quoique dans la douleur, son héritage incommensurable.

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Comme si cela ne suffisait pas, seulement quelques jours plus tard, la nouvelle de la disparition de Kobe Bryant le 26 janvier 2020 dans un accident d’hélicoptère allait encore dévaster toute la sphère de la NBA. Une icône du basketball tuée à seulement 41 ans, de façon soudaine et tragique, au milieu d’une prometteuse carrière en affaires. Le départ prématuré du Black Mamba a suscité de vives émotions dans toute la ligue et partout sur la planète. Toutes les franchises de la ligue lui ont rendu un vibrant et ultime hommage à la mesure de sa légende. Certains joueurs n’ont pas eu le courage de fouler les parquets pendant quelques nuits, d’autres ont changé de dossard pour un moment ou définitivement. C’était un choc indescriptible aux effets inhibiteurs pour tous les joueurs de la NBA !

Dans la foulée, la NBA s’est assurée que les festivités du « All-Stars weekend » en février 2020 soient complètement marquées du sceau des effigies de Kobe. Les sifflets des arbitres, la tunique et les baskets des joueurs, les chaussures des entraîneurs, le dos des accréditations des journalistes, la nomination du trophée de MVP, sans oublier les discours prononcés, les déclarations en conférence de presse, ont garanti l’omniprésence de Kobe à Chicago, dans l’Illinois. La suite de la saison de la NBA allait se jouer, du moins pour quelques semaines, sous un nuage de tristesse, d’angoisse et de pleurs provoquées par la perte de l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du sport qui aura influencé des générations entières avec sa « Mamba Mentality ».

À la mi-mars, alors que le monde était en pleine crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19, la NBA a fait circuler un avis aux équipes afin de se préparer au cas où elles auraient à recevoir des rencontres sans la présence de fans dans les travées des tribunes. LeBron James, superstar de Los Angeles Lakers, déclara qu’il était hors de question pour lui de jouer dans des arénas vides. Rudy Gobert, l’intérieur d’Utah Jazz, a ironiquement pris le plaisir de toucher les micros de quelques journalistes après une conférence de presse, comme pour narguer le coronavirus. Quelques jours plus tard, comble du karma, il sera testé positif. Un de ses coéquipiers, Donovan Mitchell a lui aussi été testé positif. La ligue se trouva alors dans la pénible obligation de suspendre immédiatement sa saison.

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Au fil des jours, la pandémie prenait beaucoup plus d’ampleur et d’autres joueurs allaient être testés positifs. Cette situation a prolongé la suspension pour une durée indéterminée et a plongé la ligue dans une incertitude telle que la saison était sous le risque d’être annulée. Selon certains experts, cela coûterait près d’un milliard de dollars à la ligue, considérant les revenus en termes de billets, de publicité, de ventes de produits dérivés et surtout de contrats de télévision. Pour éviter une telle perte, la NBA allait décider de monter un plan pour sauver la saison avec un format inédit dans une sorte de «bubble » dans la chaleur d’Orlando, à Disney World, en Floride.

Et le long chapelet des drames n’avait pas encore fini d’être égrené. Lorsque George Floyd, ami proche de Stephen Jackson (ancien joueur de la NBA), a trouvé la mort tragiquement sous le genou d’un policier blanc à Minneapolis, cela a provoqué de violentes réactions dans la communauté des noirs américains. Des joueurs de la NBA ont rejoint le mouvement « Black Lives Matter ». Ils ont pris part à certaines manifestations, réclamant justice pour Floyd et un changement radical dans les structures étatiques. Certains joueurs avaient même appelé au boycott de la NBA pour forcer la main aux officiels concernés d’agir rapidement afin de mettre fin au racisme et à la brutalité policière dont les noirs sont victimes depuis des siècles en Amérique.

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Les drames ont jalonné la saison sans pourtant avoir raison de la ténacité des principales figures de la ligue. Ainsi, après maintes rencontres entre les représentants des joueurs, les franchises, le commissionnaire et les partenaires, la NBA a décidé d’avancer avec son plan de « bubble ». Outre des mesures sanitaires, extrêmement strictes pour éviter la pénétration du virus à l’intérieur de la bulle, les acteurs de la NBA ont décidé que l’utilisation de leur plateforme servirait beaucoup mieux à la cause des noirs. Les écriteaux « Black Lives Matter » seront donc partout sur les parquets, des joueurs porteront des messages spéciaux sur leurs maillots, d’autres lâcheront leur salaire pour la promotion de la justice sociale.

Cette saison 2019/2020 s’annonçait comme l’une des plus excitantes de l’histoire de la NBA. Il était impossible d’avoir les yeux rivés sur une seule franchise tant la répartition des talents au sein de la ligue était équilibrée après une intersaison ultra mouvementée. Aujourd’hui, Orlando où la NBA couronnera un champion est au centre de toutes les attentions. Sans la présence des fans, à coup de sacrifices surhumains au milieu d’une crise sanitaire et sociale qui bouleversent tous les États-Unis, la NBA veut tenir le pari : réussir la saison contre vents et marées.


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