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Ce qu’il faut savoir sur la cryptomonnaie

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Image: Millionaire Trek

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Par Claude Junior CHARLES, Av.
Étudiant en maîtrise en Droit des Affaires
Université Laval, Québec

Aujourd’hui, il est question de placer Haïti dans l’ère du numérique, plusieurs sommets ayant déjà été réalisés dans cette perspective. Cryptomonnaie, blockchain, e-commerce, autant de nouveaux concepts renvoyant à une modification en profondeur de nos modes de vie sous l’impulsion des nouvelles technologies appliquées à l’économie et à la finance. Toute une révolution paradigmatique est en train de s’opérer sous nos yeux. Et, nous autres Haïtiens, nous avons intérêt à ne pas être relégués à l’arrière-plan. C’est quoi la cryptomonnaie ?

D’emblée, il convient de préciser que la cryptomonnaie n’est pas une monnaie stricto sensu parce que non conforme aux fonctions classiques de cette dernière qui, selon plusieurs économistes, dont Paul Krugman, sont « un moyen d’échange, une unité de compte et une réserve de valeurs[1]. » L’objectif de sa création (cryptomonnaie) fait suite à la volonté de sortir du paradigme du conformisme d’une institution de contrôle en vue de créer un moyen d’échanges sans pouvoir central. Ainsi, elle se définit comme une monnaie numérique qui obéit aux lois de la cryptographie[2]. Elle est utilisable sur un réseau informatique décentralisé de peer-to-peer (pair-à-pair), c’est-à-dire que les échanges basés sur la logique « client et serveur » peuvent se faire directement entre deux ordinateurs connectés au système sans transiter par un serveur central[3]. Elle peut charrier plusieurs qualificatifs, tels : monnaie cryptée, décentralisée, numérique, électronique pour ne citer que ceux-là.

S’agissant de son fonctionnement, sommairement, elle diffère à bien des égards des monnaies officielles, comme la gourde haïtienne[4] dont le contrôle des opérations repose sur une agence centralisée, la Banque de la République d’Haïti, dans notre cas. Il est à noter qu’en Haïti, au Canada, en France, entre autres, ladite monnaie n’a pas encore cours légal.

|Lire aussi: 7 Technologies à apprendre par les jeunes haïtiens en 2020

Par ailleurs, il faut souligner que la protection des données et des transactions repose sur des technologies cryptographiques complexes. Le système est entièrement décentralisé. Il dépend d’un protocole cryptographique appelé open-source issu d’un article publié en 2008 par Satoshi Nakamoto. Il veille à ce que les transactions soient vérifiées pour que les cryptomonnaies ne fassent pas l’objet de plusieurs transactions. À cet effet, l’ensemble des transactions sont inscrites dans un registre public « public ledger », qui peut être consulté par tout le monde. La vérification et l’inscription des transactions dans le registre sont effectuées par des « mineurs[5] » exclusivement[6].

S’il existe plusieurs cryptomonnaies, nous allons surtout articuler notre réflexion (dans le cadre de cette série d’articles) autour du Bitcoin qui en est la forme la plus répandue. Quels sont les éléments constitutifs du processus de création d’une cryptomonnaie comme le Bitcoin ? Soulignons que « chaque utilisateur peut participer à la création de nouveaux Bitcoins, en résolvant une série d’algorithmes délibérément compliqués. Le premier utilisateur du protocole, supposé être Nakamoto lui-même, a extrait les 50 premiers bitcoins en 2009. Les Bitcoins sont créés lorsque de nouvelles transactions ont lieu. En effet, le mineur qui parvient à ajouter un nouveau bloc au registre reçoit comme récompense une certaine somme de Bitcoins nouvellement créés. Plus précisément, les mineurs tentent de vérifier chaque transaction et d’obtenir le droit de l’ajouter à un nouveau bloc contenant plusieurs transactions. L’ensemble des blocs constituent la blockchain

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[7]. »

Somme toute, le nouveau référentiel introduit par la blockchain mérite toute une série d’articles pédagogiques pour en faciliter la compréhension au grand public haïtien, notamment. Bien que cette technologie soit considérée comme une révolution dans l’écosystème bancaire de plusieurs pays en matière de paiement en ligne, il n’en demeure pas moins qu’elle présente autant d’avantages que d’inconvénients. Nous nous proposons de les aborder ultérieurement.


Références:
[1] Paul R. Krugman, « The International Role of the Dollar: Theory and Prospect », dans Exchange rate theory and practice, University of Chicago Press, 1984, p. 261‑278 à la page 263.

[2] Didier Geiben, Olivier Jean-Marie, Thibault Verbiest et Jean-François Vilotte, Bitcoins et Blockchain : vers un nouveau paradigme de la confiance numérique ?, coll. Les essentiels de la banque et de la finance, Paris, RB Édition, 2016, p. 25.

[3] Satoshi Nakamoto, « Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System », 9.

[4] Constitution de la République d’Haïti de 1987: version contenant des dispositions amendées, Port-au-Prince, Haïti, C3 Editions, 2015, art. 6.

[5] Franck Marmoz, Jérôme Balmes, Nicolas Barbaroux et Richard Baron, Blockchain et droit, Paris, Dalloz, 2018, p. 15.

[6] Louis Larue, « Quel avenir pour les crypto-monnaies? », Revue bancaire et Financière 2018.1‑11, 3.

[7] Louis Larue, préc., note 8, 3.


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