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Élections, referendum constitutionnel… Jusqu’au bout de la provocation ou du déni?

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Par Juno Jean Baptiste
Twitter: @junopappost

Envers et contre tous, le bulldozer PHTK est en marche. L’annonce d’un calendrier électoral ce jeudi par le CEP de Jovenel Moïse en est l’ultime démonstration. Le régime PHTK, après avoir passé son temps à chanter, à user du mensonge et de la manipulation sur tous les fronts, à démantibuler les institutions, semble se verser dans une véritable course contre la montre, aux fins de réussir un double grand chelem: changer la constitution et organiser des élections en Haïti en 2021.

Sans un minimum de consensus avec les partis d’opposition et autres forces vives de la nation, le parti au pouvoir presse sur l’accélérateur. Son CEP, monté dans la plus intriguante opacité, et sans que les secteurs importants du pays n’y soient représentés, s’apprête à donner corps au rêve de Jovenel Moïse de changer à lui seul la constitution. Le CEP, mal constitué, se mêle à l’une des plus grandes réformes de la vie démocratique d’une nation. Du jamais vu.

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Mais dans la République d’un seul homme incarné par le président Jovenel Moïse depuis janvier 2020, le comité consultatif sur la nouvelle constitution et le Conseil électoral provisoire ne sont que des pions qui exécutent des ordres – quoique ceux-ci soient indus et qu’ils risquent de plonger Haïti vers des crises davantage inextricables que celles qu’elle vit depuis au moins trente ans. Si la République est longtemps en péril, elle l’est davantage aujourd’hui. Et jamais le danger n’a semblé si imminent.

Plus qu’une crise de régime, Haiti vit une crise profonde, inédite. La volonté d’un seul homme ou d’un clan accroché à la jouissance du pouvoir de changer sa constitution et de l’engager sur la voie des élections ne la sortirait pas de l’auberge mais plutôt l’y enfoncerait davantage. Le PHTK et toute la bande semblent ne pas vouloir le comprendre, ou du moins ils cherchent dans leur cynisme à provoquer plus de cassures, plus de convulsions sociopolitiques, plus d’instabilité et, in fine, plus de misère et de déteresse sociales pour les plus faibles.

Quand on veut tout, on peut tout perdre. Et cela est vrai aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition. À force de piller, de cautionner des massacres dans les quartiers pauvres, de faire du pouvoir un bien personnel et de détruire l’État depuis des années, le PHTK, qui dispose à lui seul de toutes les manettes de la République, semble prêt à tout pour garder le pouvoir, quitte à opérer un changement bâclé de la constitution et d’organiser à la va-vite des élections «pike kole».

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Quels partis politiques seraient enclin à s’embarquer dans une aventure aussi périlleuse avec le régime en place? Pas sûr qu’ils se bousculeront au portillon. L’histoire est un juge objectif. Des telles entreprises, lancées sans une entente nationale minimale, aboutissent toujours au chaos. Le feu président René Préval a fait l’expérience en 2000. Michel Martelly aussi, à un degré moindre, en 2015. Mais les politiques haïtiens, prisonniers de leurs anachronismes, narguent toujours l’histoire et croient pouvoir tout réinventer.

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Par-dessus tout, l’annonce d’un calendrier électoral et la publication d’un décret relatif au référendum constitutionnel par le président Jovenel Moïse ne participent-elles pas d’une stratégie visant à reléguer au second plan le débat autour du 7 février 2021 ? Il faut dire que la classe politique et bien d’autres secteurs misent sur la fin du mandant du président en cette date. Et que personne ne sait ce qui se passera ou ce qui adviendra de notre destin collectif. En tout cas, cette année, à tous les égards, s’annonce comme celle de toutes les turbulences politiques.

Entretemps, Haïti, dans sa marche à pas forcé vers la démocratie, expérimente depuis bientôt dix ans un pouvoir qui se vautre dans le crime, la corruption, les forfaitures, les violations systématiques de la constitution et beaucoup d’autres dérives. Ce pouvoir, paradoxalement toujours soutenu par le «Blanc», ne s’offre pas de limites. À vouloir y aller à fond, en touchant notamment de cette manière à la loi mère, en organisant des élections sans la recherche d’un dialogue, le pouvoir risque de provoquer des dégâts énormes aux contrecoups incalculables pour de nombreuses générations.

Qui pour crier haro sur le baudet ?


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