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Quand Dominique Dupuy recadre Roberto Alvarez

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La nouvelle est tombée ce mardi : le Conseil présidentiel de transition haïtien a décliné l’invitation de la République dominicaine à assister aux cérémonies d’investiture du président récemment réélu, Luis Abinader. La raison officielle ? La fermeture de l’espace aérien entre les deux pays depuis plus de six mois.

Cette décision de fermeture, prise unilatéralement par les autorités dominicaines, n’avait à l’époque suscité aucune réponse officielle de la part des autorités haïtiennes, qui, fidèles à leurs habitudes, avaient choisi le silence, l’indifférence et l’inaction. Pourtant, cette fois-ci, le refus des plus hautes autorités haïtiennes de participer à l’investiture du président Abinader a déclenché une réaction du chancelier dominicain, Roberto Alvarez. Sur X, il a déclaré que “toute demande de vols émanant des autorités haïtiennes serait immédiatement approuvée.”

En réponse à cette déclaration, la ministre haïtienne des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, a rétorqué avec fermeté que “la réouverture de la frontière aérienne entre Haïti et la République dominicaine ne devrait pas être subordonnée à des négociations.”

Cette prise de position claire et directe de Dominique Dupuy a suscité de nombreuses réactions positives sur les réseaux sociaux. Pour les Haïtiens, qui depuis longtemps attendent de voir émerger des dirigeants capables de défendre les intérêts du pays face aux pressions étrangères, cette réponse est un signe d’espoir. La République dominicaine, un voisin avec lequel Haïti partage une histoire complexe et des relations économiques déséquilibrées, a souvent été perçue comme dominant dans les échanges bilatéraux, et cela au détriment d’Haïti.

Depuis les présidences de Leonel Fernández, Danilo Medina, jusqu’à celle de Luis Abinader, récemment réélu, les autorités dominicaines, voire les élites du pays, ont souvent considéré leur nation comme supérieure à Haïti. Dans cette perspective, la République dominicaine s’est attribuée le droit de dicter les termes des relations bilatérales, en profitant d’une stabilité politique relative depuis les trois dernières décennies. Cette attitude a renforcé une forme de paternalisme, voire d’impérialisme, dans les rapports entre les deux pays.

La posture des autorités dominicaines, consistant à ouvrir et fermer l’espace aérien et les frontières selon leur bon vouloir, est une pratique qui peut être perçue comme une humiliation pour Haïti. Pourtant, cette domination régionale, exercée au détriment de la souveraineté haïtienne, n’est pas digne de l’histoire glorieuse de la première République noire du monde.

Dominique Dupuy, en refusant de céder à cette arrogance et en s’opposant ouvertement à Roberto Alvarez, a montré qu’une nouvelle génération de dirigeants haïtiens est prête à relever le défi de la dignité nationale. Sa réponse éloquente a rappelé que les intérêts d’Haïti ne sont pas négociables et que le pays n’acceptera plus d’être traité comme un subalterne dans ses relations diplomatiques.

Ancienne représentante d’Haïti à l’UNESCO, Dominique Dupuy s’illustre aujourd’hui comme une figure de proue du renouveau diplomatique haïtien. Dans un contexte où Haïti a longtemps été habituée à des dirigeants enclins à céder face à la pression étrangère, l’attitude de Dupuy marque une rupture et une volonté de restaurer l’honneur national. Si cette fermeté se maintient, c’est tout un pays qui pourrait enfin voir se tourner la page de la soumission pour écrire un nouveau chapitre, celui de la dignité retrouvée.


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