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Que peut le Conseil présidentiel de transition ?

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Par Juno Jean Baptiste | Twitter: @junopappost

Plus d’un mois après la prise de fonction du Conseil présidentiel de transition (CPT), et près de deux mois après la signature de l’accord du 3 avril, Haïti est encore en plein cœur des incertitudes.

Au cours de cette semaine, les gangs criminels, qui contrôlent près de 80% de la région métropolitaine de Port-au-Prince, ont entamé le rasage du sous-commissariat de Martissant d’où ils avaient chassé les policiers depuis le 1ᵉʳ juin 2021. Ils ont démoli le sous-commissariat de Grand Ravine sur la route des Dalles, l’entrée sud de la capitale. Ils se sont attaqués également à la population de Thomazeau.

Et pour ne rien arranger, le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), attendue sur le front pour aider la PNH à rétablir la sécurité en Haïti, pourrait ne pas avoir lieu à la fin du mois de mai, comme l’espéraient nos chefs et une très grande partie de la population. Cet ultime report arrange les gangs, alimente un peu plus la détresse existentielle des Haïtiens.

Le CPT, dans l’intervalle, se cherche encore, entre des rencontres avec le haut-commandement de la PNH, des FAD’H, d’autres personnalités sur la sécurité et l’annonce d’un vaste programme d’assainissement d’un milliard de gourdes. Sur des détails non moins importants, il y a du retard à l’allumage. La question de la présidence tournante et la majorité de 5 sur 7 pour remplacer le 4 sur 7 sont encore du domaine de l’oraliture. La résolution consacrant cette double modification n’étant toujours pas publiée dans le journal officiel de la République. 

En début de semaine, Leslie Voltaire clamait que le CPT ne peut pas échouer, que les militaires kényans ne vont pas affronter les chefs de gangs. «Leur mission va être d’entraîner les Haïtiens, d’accompagner les Haïtiens. Ce sont les Haïtiens qui vont se battre. » Il était sur France 24. Mercredi matin, Smith Augustin était sur la radio Vision 2000. Il portait une parole, et non celle du Conseil présidentiel de transition. Les conseillers présidentiels multiplient interviews et rencontres. Sans rassurer. Chacun essaie de jouer sa petite note, tente d’incarner un certain leadership, alors même que la structure transitionnelle doit vite se colleter à la difficile tâche du choix du Premier ministre. 

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Parmi le flot de candidatures reçues, une vingtaine de dossiers a été retenue par le CPT. Du nombre, figurent Alix Didier Fils-Aimé, Gary Conille, Gérald Germain, Fritz Bélizaire et bien d’autres. Du choix du premier ministre dépend la réussite de cette nouvelle gouvernance transitionnelle qui s’amorce. Le Conseil présidentiel de transition fait face à son plus grand test depuis son intronisation : choisir un premier ministre qui n’est prisonnier d’aucun clan politique ou groupe financier, un premier ministre à même d’inspirer confiance à tous les secteurs, toutes les parties prenantes représentées au sein du CPT, l’international et engager le pays sur la voie des principaux chantiers consignées dans l’accord du 3 avril 2024. 

Si le choix d’Edgard Leblanc fils comme président, sans passer par une élection, a provoqué des turbulences politiques au sein du CPT, les conseillers présidentiels, en choisissant le prochain chef de gouvernement, se doivent d’éviter que nouveaux grains de sable ne viennent perturber le moteur de cette nouvelle transition. Au CPT de bien choisir, de respecter les procédures sans se fragiliser, au risque d’ajouter de la crise à la crise.


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