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Pourquoi sortir des impasses politiques est si difficile et y rester semble si jouissif ?

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Par Juno Jean Baptiste
Twitter : @junopappost

La crise politique s’éternise, comme un air de déjà-vu. L’opposition politique, du moins les oppositions politiques, et le pouvoir continuent à se regarder en chien de faïence. Aux impasses structurelles qui produisent depuis longtemps l’immobilisme et la répétition des malheurs d’Haïti se greffent depuis des mois des équations conjoncturelles à multiples inconnus.

Une mission de l’OEA est annoncée en Haïti, comme un “remake” des années précédentes, à chaque moment critique de l’interminable transition démocratique post-86. Elle devrait s’atteler à «encourager les acteurs à favoriser le dialogue comme moyen de résolution de la crise», a annoncé l’ambassadeur Edmond Bocchit chez nos confrères du Nouvelliste. Une annonce pour le moins symptomatique des difficultés d’une résolution haïtiano-haïtienne de la crise globale.

Une frange de l’opposition politique continue de refuser toute idée de dialoguer avec le pouvoir en place, comme un air de déjà-vu. S’asseoir et se parler les yeux dans les yeux, tondre les désaccords, s’entendre sur quelque chose de plus grand que les intérêts de chapelle (Haïti) n’a toujours pas été le fort des politiques haïtiens, de tout camp confondu.

Les émissaires de l’OEA ne feront peut-être pas de miracle, comme un air de déjà-vu. Mais ils rappelleront peut-être aux oppositions et au pouvoir les devoirs non faits ou les devoirs mal faits, les rendez-vous manqués ou les rendez-vous à respecter, comme un maître tapant sur la main d’un élève turbulent. Un non drame dans un pays où les errements perpétuels des acteurs politiques haïtiens ont toujours prêté le flanc à l’intervention de l’organisation hémisphérique.

Avant cette éventuelle venue de la mission de l’OEA en Haïti, la structure Religions pour la Paix a essayé sans succès de faciliter un dialogue interhaïtien aux fins de trouver un dénouement à la crise politique. Le leader du parti UNIR, Clarens Renois, s’est fait massacrer sur les réseaux sociaux rien que pour avoir vanté, sans langue de bois, les vertus d’un «dialogue sincère». Pourquoi demeurer dans l’impasse, y rester et ne pas chercher à en sortir semble paradoxalement si jouissif chez nous ?

Depuis toujours, il faut malheureusement un acteur extérieur à Haïti pour forcer les Haïtiennes et les Haïtiens à se parler, à cicatriser les plaies encore ouvertes, à aborder leurs problèmes et à s’appliquer à les résoudre. De Duvalier à Aristide, d’Aristide à Jovenel Moïse en passant par René Préval et Michel Martelly , cela n’a pas changé. De catastrophe en catastrophe, de crise en crise, les politiques haïtiens, de tout bord, ont trop souvent bloqué les avenues de l’avenir du pays, en sacrifiant le dialogue sur l’autel de leur égo démesuré.


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