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PARTIE IV. Passe d’armes entre Mehdi Chalmers et Ralph Jean Baptiste

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Ralph Jean Baptiste et Mehdi Chalmers

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Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire!

Par Ralph JEAN BAPTISTE

(Re)fixations
Cher Mehdi,

En accusant  réception de ton dernier texte au sujet de notre récente discussion sur les questions relevant de la  maîtrise de l’art par l’artiste et de l’engagement politique en art en général, j’en étais  à me demander s’il promettait avec plus d’acuité de finalement poursuivre l’objectif initial de me convaincre que j’étais hâtif dans mes jugements sur la question ou  s’il cherchait sinon à  abdiquer devant la force de mon contre-argumentaire si l’on peut dire.

En lieu et place de cela, j’ai eu ‘’intentionnellement’’ droit à un papier qui, tout en cherchant à préciser ses propos, et c’est de bonne guerre, et à camper fermement sur ses positions autant que cela lui était possible, s’embrouille outre-mesure.

Je souscris à l’idée d’y consacrer du temps au regard du fait qu’en précisant et en revenant sur les idées défendues antérieurement à mon tour, j’y vois une opportunité de signifier davantage  mon propos.

Reprenons alors les termes du débat: se peut-il effectivement que l’artiste, non seulement maîtrise son art et que ce  dernier mette l’engagement à sa portée, à la manière d’un horizon de rencontre apodictique?

Dans ce jeu qui force à couper, tes réponses sont positives et depuis connues. En clair, tu nous invites  à te prendre au mot en indiquant du doigt les pistes à explorer,  sans crier gare :

1)“Si je ressens des émotions esthétiques, et si je pense mon œuvre, alors l’œuvre existe et est pensable. C’est ça mon argument central sur la maîtrise’’

2)“Mon point est de dire que la circonstance de l’engagement au sens strict n’est ni plus, ni moins réelle que celle de l’amour ou de la mort au sens strict , ou de la mer ou d’une dodine. C’est un sujet de parole poétique possible”

Un constat de principe s’impose ici au sujet de ces deux points: d’un côté comme de l’autre, des changements s’opèrent, les propos se veulent plus nuancés qu’ils ne l’étaient dans le premier texte. S’agissant du premier point, le propos avancé est plus radical qu’il ne l’était, tandis que pour ce qui est du second, la position initialement défendue y est infléchie en ce sens qu’elle ne revendique clairement aucune théorie de la connaissance de l’engagement.

En procédant de la sorte, tu semblerais planter le décor à  nouveau pour une justification sans concession sur les questions qui nous préoccupent.

À quoi “pense” l’art chalmersien?

Au-delà de ce constat de principe, comme nous disions,  qui tient lieu de ‘’nouveaux éclairages’’ au sujet des positions exprimées dans le cadre de ce débat, deux ordres de considérations de type interrogatif sont envisagés:

1) Que veut insinuer Mehdi? L’œuvre d’art, est-ce une affaire d’émotion esthétique? Qui est ce “je” sur lequel tu fais reposer la possibilité d’éprouver des émotions esthétiques et à partir duquel l’œuvre d’art est pensée et existe? Comment “savons-nous” que nous éprouvons des émotions esthétiques et quels sont les mécanismes qui permettent de penser l’œuvre?

2) Que peut-on entendre par circonstance de l’engagement? Qu’est-ce que cette circonstance a de particulier si elle se situe, en termes de réalité, sur  le même plan que l’amour, la mer, la mort ou la dodine?

Nous pouvons avancer sans risque de nous contredire, et de prendre royalement la sortie, que les énoncés dont nous nous proposons d’en trouver les principes explicatifs ne résistent pas à l’assaut de ces interrogations qui en montrent le caractère erroné dans la façon dont elles sont formulées, dès l’abord.On ne voit pas comment par exemple un esprit exigeant en termes de rigueur logique pourrait aboutir à la conclusion qu’en plus du fait d’être établie, toute la question de la création artistique tourne immanquablement autour d’un soi-disant “Je” dont on ne sait rien, sans parler des impasses théoriques que l’on peut mettre à jour pour s’opposer aux critères de “pensabilité”, saisissabilité et d’existentialité des créations en question.

Pas plus d’ailleurs que l’on n’en sort plus édifié sur le contenu de cet engagement dont tu appelles de tous tes voeux ici.  Contre tout risque éventuel de tromperie, cartésianisme aidant, reportons-nous au texte.

Pour ce qu’il s’agit du premier point, ce dernier ne fournit guère de réponse satisfaisante, par lui-même. Le seul moment où il revient sur cette affaire de maîtrise, c’est précisément quand il parle des axiomes. Écoutons avec intérêt: “Je n’ai jamais prétendu présenter un quelconque dévoilement de l’art, seulement des axiomes sans quoi on appelle au silence et on défend une vision exagérément herméneutique et autonome des poèmes par-rapport aux autres faits de la vie, ce qui en appauvrit l’expérience selon moi. Un de ces axiomes que je défends est que l’artiste en sait un peu sur ce qu’il crée. Un autre aspect est que même si le texte dépasse l’intention et l’autorité de l’auteur, il n’est pas concevable d’éjecter l’auteur pour privilégier l’infini qui suppure du texte. Sinon, avec ou sans théorie de la connaissance, tout domaine de création artistique ou pas est nul et non avenu, les hommes sont des robots par une essence inconnaissable.’’

Pour autant qu’il faille prendre au pied de la lettre ce débat dans sa dimension nécessairement logique, il est de bon ton de signaler d’entrée de jeu que le premier axiome ne s’explique, ni ne se justifie autrement qu’en s’énonçant. On ne saura jamais, tout compte fait, comment ni pourquoi l’artiste est a minima détenteur d’un quelconque savoir sur son art…

Pour sa part, le second axiome introduit malencontreusement ou par paresse intellectuelle un schisme étourdissant, un contresens dans l’affaire en pré-supposant l’existence d’un monde opposé à la sphère créatrice de l’auteur, et qui serait un univers infini, qui ne peut pas être semble-t-il . On rate pour le coup l’occasion d’une vraie discussion qui touche par ricochet à l’objet de nos échanges: l’auteur peut-il se prendre pour ce qu’il croit être valablement dès lors que le texte dépasserait son horizon propre de signification? Que conclure sinon que de noter l’inutile et l’incertain d’un humanisme à deux sous qui peine à exister!

À l’inverse du premier point, le second se révèle plus bavard. Autour de l’idée défendue de la circonstance de l’engagement, sont regroupés un ensemble de pointillés qui se passent le mot, s’entrechoquent et s’entretuent mutuellement:

  • il n’y a rien de plus normal que l’art engagé;
  • L’engagement est un possible, un aspect latent de l’art, comme le politique est affaire de gradation, d’intensité chez Schmitt;
  • […] Je défends une vision souple et large de l’engagement;
  • […] Il n’y a pas de distingo radical entre engagement et non-engagement;
  • Ce qui peut ramener l’art à de l’engagement, c’est pour l’essentiel des relations empiriques qu’on peut ramener en partie à ce qui est un engagement politique qu’on connaît mieux, comme dans la relation problématique entre les chansons dites politiques du polémique prix nobel de littérature Bob Dylan avec sa présence aux manifestations anti-Vietnam, ou pour les droits civiques, repris par les manifestants;
  • Je veux que l’engagement en art soit une catégorie historiquement floue;
  • Quand l’auteur nous intéresse, les textes des artistes sont ce qu’il y a de plus intéressant, même quand ce n’est pas abouti, ça ouvre des portes;
  • Le poème de Baudelaire retranscrit dans le texte montre que ce dernier est politique;
  • […] Un autre cas de relation serait le parallèle des conséquences d’un engagement du pur militant contre un pouvoir(menaces, emprisonnement, assassinats…) et celles que subit parfois celui qui écrit un poème engagé, comme Mandelstam que je mentionnais dans mon texte;  
  • En somme, mon idée est qu’il ne faut pas admettre avec trop d’assurance des positions philosophiques qui tournent à vide par rapport à nos usages du poème, puisque nous les vivons;
  • La puérilité se dit que ce texte fait un lien entre l’expérience poétique et la circonstance de son écriture;  
  • Au risque de me répéter, ce qui importe c’est d’admettre la circonstance d’un écriture…
  • Celle où toute présence est engagement;
  • Mon texte a sa perspective: laisser créer les artistes, les laisser parler, jouir des œuvres, puis juger de la réalisation et quelques fois de leurs propos sur l’œuvre…;
  • Ma position ne résume pas l’ensemble des possibilités de l’engagement, qui sont contrairement à ce que tu dis, parfaitement trouvables, notamment dans l’exemplarité de certaines vies (exemplaires au carré) et pas du tout dans des cadres conceptuels qui puissent d’eux-mêmes justifier cette théorie de l’engagement politique de l’art.

Si je dois suivre, sans me laisser distraire, par aucune force extérieure, il apparaît que dans ce qui vient d’être dit, je vois que ce qui y prédomine, exception faite du souci de maintenir le  point de vue originellement défendu, c’est que les  moyens de sa justification ne semblent toujours pas à ta portée. Il s’agit en fin de compte d’un texte qui se tue, s’épuise à trouver les objets de sa raison d’être, ceux au nom desquels il veut fonder en légitimation sa parole, là où  il ne sont pas et ne peuvent être  trouvables. Ce constat de principe tient lieu du fait qu’irrésistiblement, et malgré tout volontarisme, que l’engagement, à moins d’être la chose et son contraire, en art, est incapable de se définir, et se révèle bloqué devant toute velléité d’informer à son égard. L’impression que j’ai d’avoir affaire à une sorte de ruse de la raison à laquelle tu recoures se confirme davantage en lisant par exemple de toi cette phrase :”je veux que l’engagement en art soit une catégorie historique floue’’.

Pour résumer un peu, cette manière très particulière de décrire les choses ne nous dit pas comment et où s’engager. Seul compte ce vieux cliché qui veut que l’universel de l’engagement de l’œuvre se base sur le principe qui prend appui sur une fausse vérité selon laquelle le monde doit aller mal, ira nécessairement mal pour qu’à ce moment tout se mette au galop, et qu’on  parte sauver le soldat Ryan.

Je noterai au passage que le seul bienfait de cette anthropologie dynamique c’est que, même si elle  y est localisée en soubassement, pour le coup, l’éthique de l’action est moins mise en lumière, plus invisibilisée qu’autrefois.

Après Mehdi E. Chalmers?

Sous cet intitulé, je voudrais m’attaquer à quelque chose qui gêne sérieusement dans notre conversation, et qui prend les airs d’un  poncif embarrassant . Comme un orgueil à peine feint, tout se passe comme si tu dans l’intervalle, sauf susceptibilité,  un des mouvements qui donnent vie à ton propos  voudrait régler mon compte dans cette injonction: occupe-toi de tes affaires et laisse les artistes à leurs créations.

Même si ce propos n’est pas ouvertement assumé, il n’est jamais très loin des potentiels enjeux que ce débat occasionne sous ta plume. Tantôt tu te crois investi du devoir de me dire ‘’dans la courtoisie sévère et  rieuse de l’encre’’ ce qu’est l’engagement, tantot tu formules le vœu de m’astreindre à l’impossible d’une fréquencité au motif que c’est ce que tu voudrais “que je comprenne de l’art”, tantôt enfin, tu me reconnais le loisir de théoriser dès lors que j’aurai donné préséance au plaisir esthétique et tutti quanti que le texte procure possiblement.

Qu’est-ce à dire? Si je fais mention de tout ceci dans mon texte, c’est parce qu’une telle façon de procéder dans un débat me répugne amèrement. Pour l’observateur le moins avisé, l’échange le plus largement désintéressé en Haïti sur un certain nombre de sujets de discussion est ponctué de menaces, d’énervements et de sommation de toutes sortes.

Dans un pays où tout se paye de justification, jusqu’au simple et banal fait d’exister, endosser la perspective d’une  vision différente des choses donne assez souvent froid dans le dos,  quand cela ne vous confine au silencement et  vous affuble  de tous les qualificatifs qui vont avec.

À ce stade, je veux introduire une note personnelle dans la discussion en disant que cela fait près d’une dizaine d’années depuis que j’entreprends de penser que les a priori dans lesquels trop souvent nous voulons fonder pieds et poings liés nos conceptions de l’art, et en particulier les belles-lettres, ne sont guère convaincantes. J’ai depuis profité de toutes les occasions qui pouvaient se présenter à moi pour défendre donc l’idée que l’art ne semble pas être quelque chose face auquel nous pouvons nous tenir dans une posture de savants.

Il m’a toujours semblé pénible pour un élève haïtien des classes terminales d’avoir à réciter à l’emporte-pièce  Raphaël Berrou/Pradel Pompilus, Ghislain Gouraige, Emile Manigat,  et  autres gourous de l’histoire et du littéraire haïtien (passez-moi le thème du colloque tenu à Jacmel sur la question) pour obtenir la note de passage pour la composition littéraire aux examens officiels.  

A l’Ecole Normale Supérieure, où j’ai entrepris d’étudier la littérature, pour ma première année d’études de premier cycle, j’en ai eu davantage la confirmation que pas plus que les étudiants, Alix Emera ou Max Dominique, sauf à considérer l’aspect institutionnel de la chose, ne pouvaient savoir avec certitude si tel poème de Lys Jean-Denis ou Samy étaient réussis, engagés, surréalistes ou pas, à qui ou quoi donner sa préférence, de l’auteur ou de l’œuvre, ou encore si Mère solitude d’Emile Ollivier était une œuvre et ce que cela signifiait précisément.  

Aujourd’hui encore, en lisant et en continuant de s’intéresser à toutes ces questions, je demeure toujours incapable de concevoir comment La fugue de la mort de Paul Celan est un recueil engagé politiquement, ou encore celui  qu’on retrouve en épitaphe du livre de Badiou, Méfiez-vous des blancs, habitants du ravage ou enfin le mien à l’occasion de la mort survenue de mon ami Pierre-Richard Jean-Pierre.

Il peut s’agir là d’une posture fort peu commode pour des gens qui ressentent le besoin de créer et qui  ont l’étrange idée de transporter leur manie de fonctionner en corporation dans un espace où il n’est même pas permis d’être un maître ignorant. Il n’empêche que c’est à ce prix qu’aucune fréquencité, si mièvre soit-elle, ne me semble recommandable !

Y a-t-il des poètes?

Dans mon précédent texte, j’ai abordé cette question en ouvrant la voie à un état des lieux critiques des esthétiques de la création et de la réception en Haïti.

Reprise ici à nouveaux frais, elle cherche à savoir s’il est possible de postuler comme nécessaires des formes pures de la sensibilité au sens kantien  pour qu’une identité subjective  se positionne dans ce cosmos et par conséquent rendre compte du lien susceptible d’être construit dès lors que viendrait à être mise en œuvre une manière de voir qui fait savoir  par exemple qu’untel est un très bon peintre, un bon comédien ou un bon sculpteur.

Pour moi, ce que met en jeu l’art, c’est une tentation constante et grandissante, un appel sans cesse renouvelé à repenser le je (les pronoms personnels en somme) pour lequel nous nous prenons et que nous  voulons enraciner  dans une matrice qu’on appelle trop souvent pour faire vite l’humanité. Si l’homme, tel qu’il se représente, semble être  concerné dans ce processus,il n’est pas pour autant la destination finale de ce dernier, pas plus qu’il n’en situe le commencement. Autrement dit,l’idée kantienne selon laquelle le pouvoir de dire “je” fait de nous des hommes est déroutante et essuie son plus  froid  démenti pour ce qu’il s’agit de l’art.

Partant de ce postulat, faute de trouver une meilleure formulation, j’en viens à penser que la fameuse et insidieuse question qui n’a cessé de tracasser l’esprit des chercheurs comme Nelson Goodman (Quand y a t- il de l’art) et Arthur Danto (Ce qu’est l’art) pour en citer deux des plus connus,  est sans grand intérêt.  J’en veux pour preuve le fait que l’art ne fait la promesse d’aucun dévoilement ou déploiement perceptible gnoséologiquement.

Dans la même veine, toute tentative de décrire des œuvres artistiques sont condamnables étant entendu que toute prise phénoménologique y est intenable. Aucune compétence ou capacité ne sont viables pour décrire ou rendre compte de l’artistique de l’œuvre d’art.

A l’opposé de tous ces préconçus sur l’art, mon idée est de considérer que la perspective de l’humaine condition gagne à se décentrer si elle veut entrer en rapport avec cette étrange chose qui est au cœur de notre discussion. Il lui faut se dessaisir d’elle-même, ravaler toute forme d’orgueil et d’idiote vanité, faire fi de toute intentionnalité de la conscience et s’ouvrir enfin à un univers où ni objet, sujet, ni monde, ni creation, ne sont à même de faire sens.

C’est à ce prix qu’il est loisir de trouver qu’aucune station debout n’est envisageable ici, que ‘’Monsieur Danped’’ dans Règ jwet la ne fait pas peur, n’a abusé  personne, que Guernica n’est autre qu’un fétichisme de l’invention de la culture polique des hommes, que Pétion-ville en noir et blanc n’est qu’un admirable spleen, tel qu’on aurait envie d’y voir autre chose si tout cela était admis, que la phrase d’Adorno promue à une célébrité effrénée, comme quoi “Écrire un poème après Auschwitz est barbare et ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes.”, n’a jamais eu de lien quelconque avec l’art.

Procéder ainsi, est-ce pour ainsi dire faire une fière chandelle  à l’infini ?

Je voudrais en dire un mot vu que tes textes n’arrêtent pas d’en faire mention sur le ton de quelque chose  qu’il faut à tout prix exorciser. Quel objet  faut-il dans ce cas identifier sous ce vocable? À bien regarder de près, il est clair qu’il ne nous renseigne guère sur quoi que ce soit, et qu’au contraire même,   présupposer que tout refus de se référer à l’artiste-créateur nous fait plonger dans l’hadès,en tout cas dans un espace fluide où aucune reconnaissance faciale n’est de mise, ne fonde nullement notre jugement en certitude. Il ne peut être question non plus de la fabrication d’un malin génie qui s’amuserait à créer le texte à nos dépens en se jouant de nous, sauf à l’expliquer en termes clairs…
Une chose de sûr par contre,c’est que nous sommes forcés d’admettre que lorsqu’on cherche à mieux comprendre, tout ce que nous concevons au sujet de ce que nous appelons l’Infini n’est qu’un tissu d’idées reçues qui ne reposent sur aucun fondement. Ce qui compte le plus, et c’est un avatar de nos conceptions de l’art, quand on s’exprime de la sorte, c’est de prendre pour acquis un mensonge mille fois répété qui renvoie au monde des ténèbres tout ce qui n’a pas l’air de convenir, quand on scrute en profondeur, aux préjugés auxquels nous donnons cours, souvent par fausse bonne conscience (On le sait assez bien, les intellectuels haïtiens sont en règle générale très limités sur ces questions).

Quand on fait le compte, rien d’inquiétant en manière de métaphysique de l’engagement ne semble devoir nous contraindre à rebrousser chemin.

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Références
Pierre Macherey, A quoi pense la litterature?
Exercice de philosophie litteraire, 1990, Collection: Pratiques theoriques, Presses Universitaires de France


Mere-solitude, Emile Ollivier, Edition Albin Michel, 1983


Méfiez-vous des blancs, habitants du ravage, Alain Badiou
Ouverure Fayard, 2019


Paul Celan, La fugue de mort, Mercure de France, 1986


Le maître ignorant, Jacques Ranciere, Fayard, 1987


Nelson Goodman, Quand y a-t-il de l’art?


Arthur Danto, Ce qu’est l’art, Nouvelles Editions Lignes, 2019


Règ jwèt la, Rodolphe Mathurin, 2019, Editions Lafimen


Davertige , Villard Denis, Anthologie secrète, Edition Mémoire d’encrier, 2003


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