Comment être au courant du premier cas de coronavirus en Haïti ?
3 min readPort-au-Prince Post avec CNN et AFP
C’était déjà un euphémisme de dire que nos frontières sont poreuses et qu’en conséquence l’introduction du coronavirus en Haïti, sans risque de se tromper, était dans l’ordre des choses possibles. Maintenant que le virus est déjà présent dans plus de 40 pays, selon CNN, l’éventualité se renforce, vu que la menace est exponentielle pour toute la planète, notre maison.
Des cas ont été déjà découverts aux USA, au Canada et en France, pays avec lesquels Haïti est étroitement lié par des vols réguliers. Faut-il croire aux dispositions annoncées par le MSPP à l’aéroport Toussaint Louverture? N’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter lorsqu’on sait qu’un porteur du virus, non encore diagnostiqué, pourrait infecter d’autres personnes sans le savoir ?
Des pays occidentaux, et même des pays de la Caraïbe, ont aménagé des espaces de mise en quarantaine pour confiner tout individu présentant des soupçons de contamination, ou revenant d’un pays où le virus est déjà présent, avant de le laisser circuler. À date, aucun espace de mise en quarantaine n’a été aménagé suivant les règles de l’art en Haïti, nonobstant la déclaration légère du directeur général du MSPP qui assimilait n’importe quel espace ordinaire à un éventuel espace de mise en confinement. Comment le MSPPP peut-il parer efficacement au virus dans de telles conditions?
La population haïtienne est-elle au courant des premiers symptômes de la maladie ? Comment pourra-t-on, le cas échéant, être au courant du premier cas de contamination en Haïti? Ces questions taraudent. Le MSPP se doit d’y répondre. Le pays a-t-il assez de reins pour faire face au virus alors même que notre système de santé est des plus inefficaces au monde?
À Port-au-Prince Post, où l’on suit ce dossier depuis la découverte de la maladie dans la mégapole de Wuhan, en Chine, on n’est pas naïf. Avant la découverte du Choléra en octobre 2010 en Haïti, il avait commencé, loin des regards des chefs, à faucher des vies dans les Plateau Central, en plein cœur de l’Haïti profonde caractérisée par l’inexistence du système de santé dans de larges portions du territoire national. Ne risque-t-on pas de vivre une situation similaire avec le Covid-19?
Une éventuelle intrusion du virus sur le territoire national donne froid dans le dos. Rien qu’à y penser. Y a-t-il un numéro sur lequel appeler au cas où une personne manifesterait les symptômes? Quel réflexe doit-on développer au cas où on présente des symptômes similaires à ceux du Covid-19? Les gens ne risqueraient-ils pas d’en mourir par milliers et d’accuser en retour le «diable» dans le pays du Bondieu Bon ?
Alors que les autorités de Port-au-Prince ne se départent pas encore des effluves du carnaval imaginaire, d’autres capitales s’activent à affronter ce fléau. Le président américain Donald Trump, fraîchement rentré de l’Inde jeudi, a indiqué qu’ils ont mis en place des «quarantaines efficaces». Le président dominicain, Danilo Medina, a publié un décret lui permettant d’effectuer des achats et signer des contrats d’urgence en préparation au coronavirus. Alors que le virus semble imminent en Haïti, les plus hautes autorités se murent paradoxalement dans un silence déconcertant.
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