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Coronavirus : depuis la Chine, un étudiant haïtien se confie à Port-au-Prince Post

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Sadrack Marcelin, président de l’Association des étudiants haïtiens en Chine

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Par Dashka Louis

Le coronavirus fait trembler la Chine depuis plus d’un mois. Près de 900 morts, près de 40 000 personnes contaminées, de nouveaux hôpitaux construits, des autoroutes et des rues mortes, le commerce au ralenti, des mégapoles désertes… L’empire du milieu est en hibernation. Des pays interdisent à leurs ressortissant tout « voyage non important » vers la Chine alors que d’autres rapatrient leurs citoyens. Si la communauté haïtienne en Chine n’est pas nombreuse, des étudiants y constituent une part non-négligeable. Et ces derniers, nonobstant le support du gouvernement chinois, vivent avec la peur au ventre.

Répartis dans plusieurs villes, dont Wuhan, l’épicentre du coronavirus, les étudiants haïtiens en Chine sont tétanisés par la peur dans un pays métamorphosé depuis la découverte de la maladie. Pourtant, ils refusent de s’alarmer. Joint au téléphone par Port-au-Prince Post, Sadrack Marcelin, président de l’Association des étudiants haïtiens en Chine, indique qu’« aucun étudiant haïtien n’est contaminé ». Avec moult détails, il tente de rassurer : « des mesures de confinement sont prises. Nos déplacements sont limités. La prise de la température corporelle devient un exercice quotidien. Les cafétérias sont rouvertes. Nous faisons tout à l’intérieur des campus. »

« Il est strictement interdit de sortir du campus »

L’étudiant en médecine à Tianji Medical University appelle les étudiants haïtiens (une cinquantaine) chaque jour au téléphone. Comme un bon père de famille, il cherche à s’enquérir de leur état émotionnel. Il explique qu’ils ont reçu chacun, il y a peu, une subvention de 300 dollars américains du bureau commercial d’Haïti en Chine, pays avec lequel Haïti n’entretient pas encore de rapport diplomatique formel. « Mais nous sommes stressés. Et nous ne savons pas quand nous sortirons du confinement », glisse Sadrack Marcelin, peu avant de s’endormir, à minuit, heure chinoise, au cours de cette entrevue exclusive. « Il est strictement interdit de sortir du campus », dit-il, évoquant la mesure drastique de confinement du régime communiste.

Autant dire qu’aucune négligence n’est permise face à la dangerosité du coronavirus, qui représente une urgence de santé à portée internationale, selon l’OMS. Quand on évoque la possibilité de rapatriement comme le font beaucoup de pays, Sadrak Marcelin se veut lucide. «Haïti n’est pas prête à faire face au virus. Il n’y a pas d’infrastructures pour opérationnaliser la mise en quarantaine. Le meilleur choix est de rester en Chine », soutient, sans ambages, le natif de Pilate. Il appelle leurs proches en Haïti à ne pas tomber dans la panique : « On a davantage besoin d’un support moral que tout autre chose ! »

L’État haïtien n’a pipé mot par rapport au nombre de nos compatriotes qui sont actuellement en Chine. Si on a une idée relativement précise de la situation des étudiants, c’est le silence radio sur d’éventuels touristes et entrepreneurs haïtiens actuellement confinés au pays de Mao. Même le ministère des Affaires étrangères, dont une autorité a été interviewée par Port-au-Prince Post, n’a pas le nombre exhaustif des ressortissants haïtiens sur le sol chinois. Encore faut-il rappeler que la surveillance des principales portes d’entrée de notre pays est l’une des mesures les plus efficaces pour parer à l’intrusion du coronavirus.


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