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Non ! En Haïti ou ailleurs, le sida ne tue plus…

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Crédit Photo: Grand Toronto

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Par Dr Joe, le 31 Décembre 2019

À la question « est-ce que le Sida tue encore ? », le Dr Élysée Louissaint, professeur à la faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’État d’Haïti (UEH) répond sans ambages : « Le Sida ne tue plus. Et cela est dû en partie au fait que les gens sont mieux imbus des multiples mécanismes de prévention y relatifs ». Mais si la prévention demeure un facteur non-négligeable, le professeur précise que c’est surtout grâce à l’efficacité de la thérapie antirétrovirale, l’implication et l’engagement multisectoriel que le SIDA perd du terrain au point ne plus être aussi redoutable qu’il l’était jadis. Toutefois, le professeur met une sourdine à son affirmation en raison du fait que l’accès effectif aux médicaments demeure la condition sine qua non à la neutralisation du virus dans l’organisme humain.

En effet, selon Docteur Louissaint, le manque d’engagement financier de l’Etat Haïtien exprimé dans le budget de la République laissant les séropositifs à la remorque de la bonne foi des bailleurs de fonds internationaux, la baisse enregistrée dans le financement international du VIH Sida, les barrières socio-culturelles, la stigmatisation empêchant les gens de se rendre dans les centres de dispensation de soins en dépit des efforts consentis pour imprimer une approche intégrée à la prise en charge du VIH sont, entre autres, autant de problèmes entravant une bonne prise en charge de la maladie.

Par-dessus tout, pourquoi le SIDA était-il très redoutable auparavant ?

Il y a 30 ans, les avancées en médecine n’étaient pas aussi affinées qu’elles le sont aujourd’hui. La découverte et l’utilisation efficace des antirétroviraux ont pris du temps. Scientifiquement, les mystères autour de cette pathologie n’ont pas été suffisamment élucidés et les stéréotypes ont eu la vie dure, ce qui a abouti à la stigmatisation des personnes infectées et à l’occultation des caractéristiques du virus faute d’études approfondies y afférentes. Mais aujourd’hui, la recherche scientifique et les investissements massifs tant publics que privés en vue de la démocratisation de l’accès aux antirétroviraux ont fini par rendre la vie plus facile aux personnes infectées, nonobstant l’attente encore fiévreuse du traitement définitif de la maladie.

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En quoi les antirétroviraux (ARV) ont-ils changé la donne ?

Il faut souligner qu’une personne séropositive l’est à vie. Cependant, les ARV, qui sont de plusieurs classes, bloquent l’évolution du virus dans l’organisme et permettent l’équilibre entre la présence du virus dans le corps et le système de défense de l’organisme. Donc, une personne infectée vivant avec le virus dans son sang, ne risque pas la mort si elle est compliante au traitement antirétroviral, c’est à dire si elle respecte la prise quotidienne et continue de ses médicaments.

Somme toute, le VIH reste certes un problème majeur de santé publique, mais grâce à un meilleur accès à la prévention, au diagnostic et à des soins appropriés, l’infection au VIH est désormais une pathologie dont la prise en charge donne l’assurance de vivre beaucoup plus longtemps que l’on pourrait l’imaginer. La prise régulière des médicaments est fondamentale pour y arriver. En ce sens, le VIH n’est plus une fatalité. C’est le non-accès aux informations et aux soins adéquats qui tue, mais pas le SIDA, à proprement parler. Néanmoins, Port-au-Prince Post, fidèle à la valeur cardinale de responsabilité envers la société, encourage tout un chacun au recours à l’abstinence et/ou aux relations sexuelles protégées, gages par excellence de la prévention du VIH/SIDA.


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