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Chine/États-Unis : bataille géopolitique au sommet

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Crédit Photo: Réseau International

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Par Fernando Estimé
Présentateur de Sans Frontière
, 31 Décembre 2019

Permettez-moi de le dire tout de suite et cela aura au moins le mérite d’être clair : il existe une véritable bataille entre la Chine et les États-Unis. C’est une bataille géopolitique. Et elle est totale. La guerre commerciale n’en est en fait qu’un aspect.

En effet, les Chinois veulent rivaliser à tout point de vue avec les États-Unis. Cette semaine, les Chinois ont fait étalage des progrès accomplis sur un terrain prestigieux : l’espace. Le programme chinois d’exploration lunaire connu sous l’acronyme CLEP (Chinese Lunar Exploration Program) a réussi le vendredi 27 décembre dernier le lancement d’une fusée Longue Marche-5, un des lanceurs les plus puissants au monde, étape cruciale dans le programme spatial chinois, notamment pour une mission sur Mars programmée pour 2020. Ce succès arrive moins d’un an après que les Chinois ont réussi à poser un engin sur la face cachée de la Lune (une première dans le monde).

Ces succès de prestige constituent une réponse chinoise à Donald Trump qui a aligné les milliards requis par la NASA pour un retour américain sur la Lune en 2024 et la conquête de la planète Mars à l’horizon 2030. La NASA qui est aujourd’hui aidée par les sociétés spatiales privées des milliardaires américains Jeff Bezos et Richard Bronson. 

L’objectif de la Chine à travers son CLEP n’est pas de laisser un drapeau sur la Lune mais d’y établir une présence humaine permanente d’ici à 2036. La Chine comme les États-Unis veulent regarder le monde d’en haut.

En septembre dernier déjà, j’écrivais que la  décision chinoise de laisser plonger le yuan, sa monnaie nationale, montre clairement que Pékin est prêt à jouer le pourrissement. En réalité, la guerre commerciale est dorénavant une guerre économique et tout porte à croire que le match au sommet entre les deux premières puissances économiques ne fait que démarrer (un match de football dure 90 minutes au moins).

Les Chinois savent pertinemment qu’ils se tirent également une balle au pied avec cette dévaluation et ils l’ont délibérément  fait. Tout comme l’administration Trump est “censée” savoir qu’augmenter les tarifs sur ce volume immense de produits chinois est une balle dans l’abdomen pour les consommateurs américains car les entreprises américaines vont refiler la note. Pourtant les tarifs ont bien été revus à la hausse.

À titre de rappel, la Chine possède une petite arme nucléaire monétaire de nature à faire sauter toute la baraque. Le dollar n’a qu’à bien se tenir!

Question simple: pourquoi se faire du mal en faisant du mal à l’autre ? En espérant que l’autre souffrira un peu plus. C’est le comportement de deux adversaires engagés dans une lutte à mort. Dans cette lutte, le prix est plus qu’excitant : celui de la première puissance mondiale. 

À ce prix, tous les coups sont permis, les coups fourrés aussi bien que les coups tordus. La Chine accuse les Etats-Unis et le Royaume-Uni de souffler en sous-main les braises à Hong Kong (devenu quasiment ces derniers jours une province rebelle),  la Chine soutient Maduro au Vénézuéla, Kim Jong Un en Corée du Nord et les Ayatollahs en Iran (à l’époque de Georges Bush, certains à Washington auraient pu appeler cela “l’axe du mal”).

Au Pentagone (ministère de la Défense des États-Unis), il n’est pas un secret qu’on « apprécie moyennement » (ou pas du tout) le rapprochement stratégique entre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine. Une autre question: qui est dans le viseur de cette quasi-alliance ? Vu que Poutine est plutôt copain-copain avec l’Inde, il ne reste plus grand monde pour une balle commune dans la tête d’un adversaire commun.

Taïwan est un NO-GO pour les Chinois et le « président à vie » Xi l’a bien fait savoir. Sauf qu’à Washington, on aime bien vendre quelques missiles à Taïpei. Après tout, on se dit tout ce qui peut « emmerder » l’adversaire est envisageable.

À Washington comme à Pékin, on n’est pas fou. Personne n’appuiera sur la gâchette. Du moins l’espère-t-on. Entre-temps, les deux puissances ont changé de registre, ce n’est plus un match de boxe à la régulière, c’est du MMA (un sport de combat où tous les coups sont permis).

À l’horizon peut-être un ralentissement de l’économie mondiale ou au pire une nouvelle crise économique ou encore une autre connerie. Carte pelouse …

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