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ONU : 20 ans après Jean Bertrand Aristide, Edgard Leblanc Fils plaide pour la restitution de la dette de l’indépendance

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Le président du Conseil présidentiel de Transition, Edgard Leblanc Fils a osé d’évoquer l’épineux sujet de restitution et de répartition à la tribune de l’ONU lors du 79 ème session de l’Assemblée générale.

À un an du bicentenaire du paiement à la France de 150 millions de francs comme indemnités compensatoires pour la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, le président Leblanc en profite pour attirer l’attention de l’Assemblée générale des Nations-Unies sur les séquelles du passé colonial et des rançons payées à certaines puissances qui ont largement hypothéqué le développement d’Haïti.

« En 1825, à peine 21 ans après avoir gagné sa liberté au prix d’une lutte héroïque, Haïti a été contrainte de payer une dette colossale à la France, pays colonisateur, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Cette rançon, imposée sous la menace, a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement dont elle peine toujours à sortir », a tenu à rappeler le président du Conseil présidentiel de Transition.

Edgard Leblanc Fils signale que cette dette a été une forme de punition pour la hardiesse à se libérer des chaînes de l’esclavage et hisser l’être haïtien à la dignité de l’Homme. « Elle a été une pénalité injuste qui a asphyxié le potentiel économique et social du peuple noir d’Haïti pendant des générations », a glissé M. Leblanc.

« Haïti, la première nation noire indépendante du monde, est aussi la grande victime d’une injustice historique qui a non seulement retardé son développement, a aussi marqué son peuple d’un fardeau dont les répercussions se font encore sentir », a enchaîné le président Leblanc.

« Il n’est pas sans intérêt de rappeler qu’Haïti a été le seul pays à avoir payé pour son indépendance obtenue pourtant dans le feu et le sang. A la veille du bicentenaire de cet évènement inédit dans l’histoire du monde n’est-il pas venu le moment de la restitution des montants consentis ? », a balancé le président du CPT, qui s’est félicité des propositions formulées par un certain nombre de gouvernements et également certaines agences des Nations-Unies pour des actions concrètes en vue de la reconnaissance, la réparation et la restitution des torts du passé.

« Haïti a confiance sans réserve dans l’Organisation des Nations-Unies, dont les piliers sont la lutte pour l’égalité entre les peuples et le maintien de la paix entre les nations, pour jouer son rôle notamment dans la mise en place de mécanismes appropriés pour faciliter le dialogue entre les pays victimes de la colonisation et les anciennes puissances coloniales », a appelé l’ancien président de l’Assemblée nationale d’Haïti.

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« Ici, à cette 79ème session de l’Assemblée générale, Haïti est, par mon entremise, non pas simplement pour revendiquer une réparation, mais pour poser une question de principe, celle de la justice immanente. Ma démarche est résolument engagée, structurée et bien documentée. Le Comité National de Restitution et Réparation, en collaboration avec la Commission des Réparations de la CARICOM, a déjà entrepris des travaux exhaustifs sur ce sujet », a fait remarquer l’ancien sénateur Leblanc.

Le président du Conseil présidentiel de Transition exige la reconnaissance d’une dette morale et historique et la mise en œuvre de réparations justes et appropriées qui permettront à notre peuple de se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste.

Notons qu’en 1825, vingt et un ans après son indépendance, Haïti voit un navire français – suivi d’une flottille de guerre – jeter l’ancre dans le port de Port-au-Prince, sa capitale. Un émissaire du roi Charles X vient lancer un ultimatum : verser à la France des réparations, faute de quoi la guerre sera déclarée. Sans véritable allié, le petit pays n’avait guère le choix. Il paiera la somme exigée – 150 millions de francs, à verser en cinq tranches annuelles. « Le montant dépasse largement les maigres moyens d’Haïti », souligne le New York Times.

« Les paiements à la France ont coûté à Haïti entre 21 et 115 milliards de dollars [entre 20 et 108 milliards d’euros] en perte de croissance économique », conclut l’enquête du New York Times, qui évoque « une spirale d’endettement qui a paralysé le pays pendant plus d’un siècle ».


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