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Port-au-Prince Post

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Pour la fillette du Cap-Haïtien

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CP: Kendell Laurent

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Par Bota Wany P. JOSEPH

Des citoyens.enne.s sont d’autant ulcérés par l’assassinat tragique de Mamoune Régis qu’ils ont été plus d’une centaine à marcher dans les rues du Cap-Haïtien ce vendredi, à l’appel de l’Association des femmes soleil d’Haïti (AFASDA) et de l’organisation « Inisyativ jèn Okap ». Entretemps, les organisations féministes de Port-au-Prince, à l’exception de «Marijàn», continuent à se murer dans un silence paradoxal.

CP: Kendell Laurent

Tout au long de la marche, ils étaient silencieux, mais en colère. Ils voulaient envoyer un message assez fort : soutenir à la face de ceux qui s’adonnent à l’indignation sélective que les gueux, les déshérités, les pieds nus, les sans-abris, les oubliés doivent eux aussi être comptés dans notre pays. « Jistis pou Mamoun », « Nou mande jistis pou fanm ak tifi nan kat kwen peyi a », sont, entre autres, ce qu’on pouvait lire sur les banderoles déployées tout au long de la marche qui a arpenté plusieurs rue de la ville, s’arrêtant devant Cap Deli, avant de s’achever devant le Parquet.

CP: Kendell Laurent

La marche s’est déroulée dans le calme. Il y a eu la présence d’une forte proportion d’enfants, de femmes, vêtus pour la plupart de t-shirt blancs, tous exigeant que justice et réparation soient rendues à la famille de Mamoune Régis. Sur le boulevard côtier, exactement là où la fillette fut tuée à bout portant par l’agent de sécurité, ils ont déposé une gerbe de fleurs à sa mémoire, exactement devant le restaurant.

CP: Kendell Laurent

« Nous avions rencontré et discuté avec le commissaire du gouvernement qui est saisi du dossier. Il nous donne la garantie d’en donner suite aussitôt que les tribunaux s’ouvrent », a indiqué Elvire Eugène, responsable de l’AFASDA – laquelle organisation de défense des droits humains est aux premières loges dans ce combat contre l’impunité. La défenseure des droits humains continue à veiller au grain. Elle, qui est toujours à fond dans la lutte contre les injustices dans le Nord, cherche à tout prix à éviter ce que tout le monde redoute : un déni de justice.

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Au Cap-Haïtien, selon des témoignages recueillis auprès de plusieurs citoyens habitués au boulevard et à ses restaurants huppés, la victime est décrite comme une petite fille joviale qui ne cherchait qu’à se dépêtrer des affres de la misère, et ce, dans la dignité. Un responsable de Cap-Deli, interviewé par Port-au-Prince Post, déplore que « certains cherchent à faire une instrumentalisation politique du dossier alors que la compagnie de sécurité est déjà en contact avec la famille éplorée ». Il a aussi indiqué que, dans un élan d’humanisme, le restaurant est même disposé à aider la famille de la victime.

CP: Laurent Kendell

La compagnie de sécurité (Lions sécurité) est effectivement en pourparlers avec les proches de la victime, selon nos informations. « On est prêt à assumer les frais de la morgue et des funérailles. Mais les exigences des proches de la victime sont élevées, rendant les négociations difficiles », affirme le propriétaire de la compagnie. Un avis de recherche est lancé contre l’agent de sécurité en cavale depuis le 18 juin. La compagnie, souligne son propriétaire, collabore avec les autorités pour faire avancer le dossier. Ce drame n’accable-t-t-il pas la compagnie dans la formation qu’elle offre aux agents ? « Non, nos agents son bien formés », dit-il. N’empêche que l’agent inculpé a tué Mamoune Régis pour un détail.


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