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PetroCaribe: vers la fin du suspens

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Par la Rédaction de Port-au-Prince Post

Après près d’un an d’une insupportable attente, la dernière partie du rapport sur les fonds PetroCaribe semble enfin prête. Si le bout du tunnel n’est pas encore atteint, cette nouvelle augure la fin d’un long épisode de tergiversations, d’indécisions pour enfin ouvrir, le cas échéant, la voie à un éventuel procès.

La dernière tranche du rapport sur les fonds PetroCaribe est censée être prête, selon une source de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) qui s’est confiée, ce jeudi, à Port-au-Prince Post. «Il s’agit en effet d’un rapport de plus d’un millier de pages. Il ne reste qu’à le peaufiner, y apporter quelques corrections au niveau de la forme», soutient notre source. Il faut dire que ce rapport, qui est en fait l’ultime élément du premier set d’une longue partie devant concourir à un éventuel procès, est attendu depuis près d’un an; la lenteur de la Cour des comptes a même provoqué d’interminables interrogations ces derniers mois.

«N’était-ce la pandémie du coronavirus, le rapport serait déjà publié», a ajouté notre source, un des juges de la Cour des comptes, qui a requis l’anonymat. «Mais il arrive que le rapport a dû faire la navette entre le consortium des firmes d’audit de l’étranger et la Cour des comptes. Nous n’aurons, au niveau de la Cour, qu’à faire une dernière relecture, avant la publication finale», explique notre source, qui n’a pas souhaité donner de date relative à la publication du rapport sur la gestion des milliards de dollars dilapidés, au fil d’une dizaine d’années, par plusieurs régimes politiques successifs sans aucune réalisation d’envergure.

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L’affaire PetrocCaribe, qui accable des puissants disséminés aussi bien en Haïti qu’en République dominicaine, n’en est pourtant pas à ses débuts. Cette enquête a démarré au Sénat de la République avant que le groupe majoritaire n’ait exigé que la CSC/CA s’en empare. Ce qui a été vite fait après un vote expéditif au Sénat en 2017, tenu à l’aube, après la mise en continuation de la séance la veille. Mais le travail de la Cour des comptes n’a pas été bien accueilli par tout le monde. Les Phtkistes avaient encore crié au scandale. Bien avant la publication de la deuxième partie du rapport en juin 2019, plusieurs juges avaient avoué être l’objet de menaces. La maison du président d’alors, Pierre Volmar Desmesyeux, a même essuyé une attaque armée. C’est dire donc que la question du PetrocCaribe cristallise des crispations, des querelles inavouées et d’autres enjeux très lourds.

Il y a bientôt deux ans, ce méga-scandale de corruption, le plus spectaculaire de toute l’histoire d’Haïti, a déclenché un vaste mouvement de protestation parti des réseaux sociaux. Plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens, abasourdis de découvrir l’ampleur du désastre savamment entretenu au fil des années par les administrations de René Préval, de Michel Martelly et de Jocelerme Privert, avaient investi les rues en 2018. Tous exigeaient la tête des politiciens corrompus, des hommes et femmes d’affaires dont les firmes sont impliquées dans le gaspillage de l’argent vénézuélien. Cette année a été particulièrement difficile pour les «pétrodilapidateurs» tant elle leur a enlevé le sommeil. Mais depuis peu, la colère est retombée. L’horizon s’est assombri autour du procès PetroCaribe qui est le cadet des soucis de l’administration du président Jovenel Moïse, lui même épinglé jusqu’au cou selon la deuxième partie du rapport de la CSC/CA. Certaines personnalités épinglées par les rapports de la CSC/CA sont redevenues des hommes influents dans l’entourage de Jovenel Moïse.

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Même les groupements et regroupements de jeunes, qui demandaient à tue-tête “kot kòb petwokaribe a” entre 2018 et 2019, ont disparu des radars de l’actualité ou semblent préoccupés par d’autres enjeux (lire notre article sur la question). Pourtant, la question du PetrocCaribe est d’autant plus actuelle que la transparence dans la gestion des deniers publics reste encore un vœu pieu dans la République bananière des Phtkistes, rien qu’à regarder l’opacité qui entoure la gestion du coronavirus. Ces temps troublés, loin de nous distraire des combats essentiels de notre époque, devraient être au contraire le prétexte pour redéfinir les chantiers du présent et du futur. L’affaire PetroCaribe en est un dont le procès devrait nécessairement commencer par la publication des arrêts de débets de la CSC/CA, en plus du rapport complet…


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