5 actions pour redynamiser l’industrie touristique du Cap-Haïtien

Par Frédéric Chérestal
Sociologue
Twitter : @fredcherestal

En dépit de ses multiples potentialités, le Cap-Haïtien peine à engranger des scores flatteurs en termes  d’affluence touristique. Nous proposons, dans cet article, 5 actions susceptibles d’aider à la redynamisation de cette destination jadis florissante.

1. Restructuration du réseau routier

L’Aéroport international du Cap-Haïtien facilite grandement l’accès à la ville. Une fois au Cap, pour accéder au centre-ville historique, il faut emprunter soit la route via le Haut-du-Cap (par carrefour SOS), pour aboutir à la Route Nationale #1, soit la Route Nationale #3 jusqu’à « pont neuf », pour arriver dans la zone dite « Samarie ». Dans les deux cas, vous aurez affaire à des tronçons de routes en mauvais état et de l’embouteillage et une circulation assez difficile. Pour un meilleur accès au centre-ville du Cap-Haïtien, trois décisions s’avèrent nécessaires :
– La construction de la route par Haut-du-Cap (Carrefour SOS, au vieux pont colonial) ;
– La rénovation de la route nationale # 3 et son agrandissement, jusqu’au « Pont neuf ».
– Au Centre-ville, la reconstruction et la rénovation de certains tronçons sont d’une importance capitale pour faciliter la circulation des véhicules et des passants. 

2. Gestion des déchets et des marchés publics

Il y a définitivement un problème de gestion de déchets au niveau de la ville du Cap-Haïtien. Cette situation ne date pas d’hier et les décisions, tant des acteurs locaux que de l’État central, pour sa résolution se suivent mais toujours sans effets probants. Parmi ces initiatives, nous pouvons citer le partenariat entre les mairies du Cap-Haïtien et de Suresnes (depuis 2003) et l’envoi d’engins lourds, par l’État central, à plusieurs reprises.

Une stratégie de gestion de déchets efficace dans la ville du Cap-Haïtien passe par un ensemble d’actions, dont les principales pourraient être :
–Le tri et la collecte des déchets
–La construction d’un centre d’enfouissement
–La sensibilisation de la population.

Plus loin, un autre obstacle connexe reste le pullulement des marchés. Laissant son emplacement initial, le marché Cluny (Marché en fer) occupe, actuellement, une bonne partie du centre-ville. À cela, il faut ajouter la création de différents petits marchés publics dans des zones populaires : Sainte Philomène, Vertières, Samarie, etc. Pour pallier cet état de fait, le primordial consiste en la rénovation du marché historique et la construction d’autres marchés publics, en dehors du centre-ville, afin de relocaliser les petits commerçants.

3. Renforcement du réseau électrique

Actuellement, la capacité de la centrale électrique du Cap-Haitien avoisine les 13.6 Mw. Ce, pour une commune de plus de 274 000 habitants (IHSI, 2015). Cette situation entraîne une distribution problématique de l’énergie dans la ville du Cap-Haitien et les environs. Ce manque énergétique impacte la ville à bien des égards : la vie nocturne, l’économie, la sécurité, etc.

Le problème énergétique affecte particulièrement les entreprises de la chaîne touristique (bar, restaurant, hôtel, etc.). Les pouvoirs publics doivent aborder sérieusement la situation et parvenir à la proposition de solutions concrètes par rapport à l’actuel circuit électrique (augmentation des capacités de l’actuelle centrale, rénovation du réseau électrique, meilleure distribution, etc.) et/ou proposer des alternatives (éolienne, solaire, etc.).

 4. Mise en valeur de l’offre touristique

La ville du Cap-Haïtien a de quoi retenir l’attention des visiteurs pendant longtemps. Le Cap est un musée à ciel ouvert, où différentes pages d’histoire d’Haïti sont exposées au regard du passant. Toutefois, nombre de sites sont dans un état de délabrement, mal entretenus. D’où la nécessité, pour les acteurs locaux et l’État central de réaliser leur mise en valeur. Cette dernière est possible en passant par un quadruple mouvement :
–

Le recensement des sites
–Leur mise en valeur
–La sensibilisation des populations locales
–L’exploitation desdits sites.

Témoin vivant de la présence française en Haïti et des hauts faits d’arme de nos aïeux, la ville du Cap-Haitien regorge des potentiels énormes. Ses divers sites touristiques (naturels et culturels) devraient être regroupés en différents circuits à thèmes, afin de lier cette offre touristique à une demande croissante.

5. Établissement de la multi-destination avec la République Dominicaine

À la faveur de son accessibilité, via l’aéroport international et sa situation géographique, la ville du Cap-Haitien pourrait bénéficier de ces arrivées de touristes de la République Dominicaine, via des stratégies de multi-destination. En effet, l’offre touristique dominicaine, amplement dirigée vers les marchés émetteurs nord-américain et européen, serait ainsi plus diversifiée. Les retombées économiques seraient nombreuses pour la ville du Cap (et les communes avoisinantes). La proximité géographique du Cap à la République voisine, les rapports commerciaux entretenus de part et d’autre de la frontière, l’importance des sites touristiques du Cap et son ouverture au monde pourraient grandement faciliter cette logique de multi-destination. Essentiellement, une telle stratégie pourrait s’établir avec des villes du nord de la République Dominicaine (Monte Christi, Puerto Plata, Santiago de Los Caballeros, etc.)

Dominée par la République Dominicaine (6.5 millions de touristes), le tourisme caribéen fait rêver les touristes du monde entier. Haïti qui faisait, jadis (années 50), figure de leader dans le tourisme régional, accuse une chute vertigineuse depuis la fin des années 80. Selon les statistiques disponibles, les arrivées de touristes en Haïti tournent à peine autour de 500 000 par an. La redynamisation du tourisme en Haïti passe par la réalisation des projets régionaux et participatifs. Si le tourisme peut s’avérer un secteur porteur pour toute économie en quête de croissance soutenue, pourquoi ne pas commencer par le Grand Nord, particulièrement le Cap-Haïtien dans le cas d’Haïti ?