Canaan, dix ans après, une catastrophe de trop…
2 min readPar la rédaction
Le pays ne s’est toujours pas remis du séisme dévastateur de janvier 2010 qui l’a viscéralement mis à genoux. Il y a encore des gens sous des tentes. La reconstruction annoncée sur tous les tons s’est révélée une illusion. De nouveaux bidonvilles ont vu le jour. Du nombre, la cité Canaan, où vivotent environ 200 000 âmes. Un reporter de Port-au-Prince Post est allé rencontrer les riverains. Le tableau qui en ressort est pour le moins sombre : les gens vivent au dos de l’État, sans accès aux services sociaux de base, et continuent à chasser les bayahondes et les cactus des collines pour construire, de façon anarchique, de nouvelles bâtisses. Interrogé par Port-au-Prince Post, le sociologue Fritz Dorvilier parle d’une « catastrophe écologique et socioéconomique ».
À contre-courant de la tendance dominante consistant à égrener le chapelet des sombres souvenirs liés au sinistre, le professeur Fritz Dorvilier se veut plus ouvert sur l’avenir en dégageant des perspectives moins alarmistes. Pour lui, Canaan n’est pas une fatalité, bien qu’il soit l’expression la plus achevée de l’échec de l’État au cours de cette décennie en termes d’incapacité d’élaboration de politiques publiques portant, entre autres, sur l’aménagement du territoire. « Canaan n’aurait pas dû exister. Ce ne devrait être qu’un lieu de transit […] », a martelé le socio-économiste, soulignant que Canaan est une menace.
Par ailleurs, quant à l’avenir de Canaan, Fritz Dorvilier s’inscrit dans une posture pour le moins originale. Il opte pour le relogement des habitants de cette cité, ce qui, pour lui, doit être intimement imbriqué à un plan global de reconstruction du centre-ville de Port-au-Prince. « Laisser Canaan comme il est aujourd’hui, c’est renvoyer aux calendes grecques la reconstruction en bonne et due forme de la ville de Port-au-Prince », affirme le professeur, pour qui Canaan risque de devenir, si rien n’est fait, un foyer où règne le banditisme à l’instar des cités de Dieu et de l’Éternel.
Ci-après la vidéo.
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